Marathon des JO 2024 : le troisième souffle de l’Ethiopienne Tigist Assefa

Elle venait de courir plus de 40 kilomètres, mais son visage n’affichait aucun signe de fatigue. A la fin du marathon de Berlin, Tigist Assefa a accéléré et a encore dépassé une dizaine de concurrents du plateau élite masculin. Concentrée sur sa foulée, l’Ethiopienne les a doublés sans un geste, sans même un regard. Après avoir franchi la porte de Brandebourg, elle a produit une nouvelle accélération dans les 300 derniers mètres, comme portée par un troisième souffle. Elle s’est offert une victoire en solitaire en pulvérisant le record du monde de plus de deux minutes (2 h 11 min 53 s). Ce 24 septembre 2023, Tigist Assefa a signé une double victoire : la sienne et celle de son équipementier. Elle a brandi ses « supershoes » dans le ciel allemand, avant de recevoir sa médaille.
Avec ses chaussures aux semelles épaisses, elle sera au départ de l’épreuve des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, dimanche 11 août. Même si elle n’a jamais couru un marathon olympique, elle se présentera sur le parvis de l’Hôtel de ville en tant que favorite. « C’est l’objectif ultime, un rêve que je poursuis depuis des années, assure-t-elle au Monde. Chaque séance d’entraînement, chaque course, chaque sacrifice a été orienté vers ce but. Arriver aux JO avec le record du monde ajoute une pression supplémentaire, mais je m’y suis habituée. Je suis prête. »
Dans la capitale allemande, l’Ethiopienne avait couru l’épreuve à 19,2 km/h, soit une vitesse moyenne de 3 min 8 s au kilomètre. Son rythme, autant que son état de fraîcheur sur la ligne d’arrivée, avait créé la surprise, y compris au sein de son propre entourage. Selon le magazine Runner’s World, Gianni Demadonna, agent de Tigist Assefa, et Gemedu Dedefo, son entraîneur, étaient étonnés de sa performance. « L’entraîneur m’a dit en août : “Tigist bat tous les records de parcours lors des stages. Je n’ai jamais vu une femme courir comme ça.” Mais, honnêtement, l’objectif était de courir [à Berlin] près de – ou sous les – 2 h 19 min et pas aussi vite », a écrit M. Demadonna dans un courriel adressé à Runner’s World.
L’Ethiopienne, âgée de 27 ans, explique qu’elle a augmenté son volume d’entraînement et travaillé de façon plus spécifique. « J’ai apporté quelques changements dans ma préparation au cours des deux dernières années, assure Tigist Assefa. Je cours entre 160 et 200 kilomètres par semaine. Je repousse mes limites, avec des entraînements constants. » Elle fait également des séances de musculation quatre fois par semaine pour se renforcer sur le plan musculaire. « L’accent a été mis sur le développement de l’endurance, l’amélioration de la vitesse et la prévention des blessures, ajoute-t-elle. Mon staff a effectué un vrai travail pour affiner mon approche de l’athlétisme, et ces ajustements m’ont aidée à passer au niveau supérieur. » Elle rêve désormais de passer sous la barre des 2 h 10 min.
Il vous reste 56.54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.